Histoires d'eau à Bouliac


Au nord, la Jacotte qui sépare Bouliac de Floirac. Elle prend sa source au nord-ouest du domaine Despagne.


A l'est :  1 - le Fourney qui prend sa source dans le chemin de Fourney et pénètre dans Carignan (tracé rouge) puis va traverser le domaine de Macanan (tracé vert).
2 - le ruisseau de Vergnes, qui prend sa source  au sud du château du Pian et qui disparaît deux fois avant de rejoindre le Fourney.

Le saviez-vous ?

Au début du XXème siècle on chassait à "la  buvette à Bouliac !

La Revue de Zoologie Appliquée, publiée en 1904, mentionne l'utilisation d'un engin appelé "la buvette" sur les bords de la Jacotte et du ruisseau du Pian. Un ami de ce site m'a fait savoir qu'il pourrait s'agir d'une sorte de chasse que l'on pratiquait, à cette époque, en tendant des gluaux au bord d'une mare, d'une fontaine, d'un ruisselet, à l'endroit fréquenté par les petits oiseaux.

Remarque : (1)Dans Féret (1874) on lit : "...le Soumarsan, appelé aussi la Laurence, qui sépare Bouliac de Carignan et aboutit dans la Garonne en traversant la propriété de M. Hervouet." Cette propriété est le domaine de Macanan.

                (2) La Jacotte vue par l'abbé Pareau : "Bouliac est limité au nord, par un ruisseau qui, près de sa source, dans les domaines Espagne et Lavie, se nomme le Pimpin , et, plus bas, au dessous du château Lavergne, le Pitresse. Dans le patois du pays, on l'appelle, comme tous les cours d'eau semblables, Révédech , mot qui n'est évidemment que la corruption du latin Rivulus, ruisselet."

 

Les cinq lavoirs municipaux de Bouliac

Ils  furent cinq : le lavoir de la fontaine de Vergne dans le chemin de Fourney, le lavoir sur le ruisseau Fourney au bas du chemin de Brousse, le lavoir du puits de Manières, le lavoir de Lesparre et le lavoir du chemin de Berliquet (actuellement rue Louis Brochard) situé sur l'emplacement actuel de l'entrée du Club de tennis. Il existait d'autres points d'eau permettant de laver le linge mais ce n'étaient pas de véritables lavoirs.

De ces quatre lavoirs de Bouliac connus au XIXème et XXème siècle, ne restent que quelques vestiges présentés ci-dessous avec la description de l'abbé Pareau. Pour avoir une vue fidèle de ce qu'ils furent, je les complète par deux photos de vestiges d'un  lavoir, tel qu'on pouvait en voir, il y a quelques dizaines d'années, à Bouliac.
Vous pouvez aller l'admirer, avant sa disparition, dans le bois de la Burthe,  à Floirac, en allant vers le centre équestre.

Sur la gauche, les dalles sur lesquelles les lavandières battaient le linge (2009)

Dans l'angle gauche, le canal de pierre pour l'évacuation des eaux souillées (2009)

Les deux lavoirs de Bouliac présentés par l'abbé Pareau

Vestiges du lavoir de la fontaine de Vergne (janvier 2010)

Sur le côté droit du bassin on peut encore voir le plan incliné sur lequel était lavé le linge;

 

"Les vaillantes ménagères du village ne peuvent assez bénir M. le Maire, Hostein, d'avoir bâti un lavoir dans le ruisselet Fourney, et certes il n'est point si facile de conquérir les éloges des Dames du lavoir dont trop souvent chez quelques unes la langue et le battoir rivalisent à qui frappera le mieux.

Au demeurant, ce lavoir est un petit abîme ; je crains toujours qu'une laveuse y trouve la mort ; il suffirait pour cela d'un léger vertige ou d'un léger manque d'équilibre, d'autant plus facile que les pieds sont un peu haut par rapport aux mains qui touchent l'eau.

Je voudrais ce lavoir à l'abri de tout danger, à l'abri même du soleil et de la pluie. Suis-je donc bien exigeant ?

Je voudrais à droite et à gauche de la passerelle un gardiennage solide. Vraiment ces deux lattes en guise de garde-fous établies par notre garde-champêtre, Marche, m'inspirent, chaque fois que je passe par là, une sorte de pitié ; on ne saurait faire plus pauvrement ... Un faux pas, une glissade jeta dernièrement la femme Videau sur une de ces lattes qui se brisa : elle tomba dans l'eau froide et profonde, et on ne l'aurait peut-être pas tirée vivante, sans les cris désespérés de sa fille et les secours promptement apportés par deux hommes qui travaillaient providentiellement aux environs.

Oh ! vive les télégraphes, les téléphones et le reste ! Mais pourtant un lavoir commode, à portée, d'un accès facile et sans danger, a bien aussi son utilité. Qu'en pensez-vous ? Il y a des gens qui en font l'économie ; nous ne sommes, ni vous, ni moi, logés à cette enseigne."

Commentaire

Je suis désolé de constater l'absence de documents objectifs concernant ce lavoir chez l'abbé Pareau, qui comme toujours "fonctionne" à l'émotion ! En effet, la consultation des archives communales montre qu'un lavoir était utilisé sur ce site par les bouliacais bien avant  la fin du XIXème siècle. Dans le procès-verbal dressé le 10 juin 1835 contre le sieur Chaperon fils aîné, propriétaire du domaine Luber-Chaperon, demeurant à Bordeaux, façade du Chartron n° 82, on peut lire : ""en descendant le chemin de Fourney il existe la  fontaine de Vergne au bord de laquelle il y avait un lavoir dont le sieur Chaperon s'est emparé et qu'il a tout récemment fait entourer d'une fermeture". En outre, un rapport relatif à ce litige a été présenté par le maire au conseil municipal le 15 juin 1836 ; il y est dit  "quand à la fontaine de Vergne ... tous les habitants de la commune persévèrent à affirmer que de tout temps et à jamais, elle a été considérée comme propriété communale ... cette fontaine est très nécessaire même indispensable aux habitants du village de Mallus, où l'eau est extrèmement rare." il paraît donc assuré que le lavoir dont parle l'abbé Pareau soit une amélioration du lavoir primitif de la fontaine de Vergne. Le 13 août 1876, un conseiller municipal a signalé le mauvais état du chemin dit de Hournay ( N.B. : l'orthographe des noms propres n'était pas encore sûre au XIXème siècle !) "envahi par la végétation des haies, les éboulements et le ravinement des eaux..." Il a demandé "que quelques réparations soient faites au lavoir public qui borde ce chemin."

Les deux photos ci-dessus (prises en 2010) montrent bien que la description faite par l'abbé ("ce lavoir est un petit abîme") surestime énormément la profondeur du lavoir et , par conséquent, les dangers encourus. Mais ce n'est pas la première fois que l'abbé est pris en flagrant délit d'exagération ! Ce n'était sans doute pas un abîme mais A. Serre-Simounet se souvient que son frère Michel et quelques copains y apprenaient à nager avec des bidons, pendant l'occupation allemande.

Revenons au texte de l'abbé Pareau.

"En 1880, l'Administration-Ramon eût ce louable souci de donner à nos ménagères un lavoir proche du village et sans danger ; lisez jusqu'au bout.

Le dit lavoir était creusé et bâti dans l'angle étroit du canton de Manières, entre le mur de M. Hostein et la margelle du puits communal. La vaillante laveuse, avant de commencer sa délicate opération, prenait la manivelle de la pompe du puits et se donnait le plaisir de la mener vigoureusement pendant 15 à 20 minutes. Après ce régal plus exquis pour elle que sa chaude tasse de café au lait, le lavoir était plein plus ou moins, en tout cas à son gré.

Lorsque sa lessive était considérable et que, par suite, l'eau se trouvait, avant la fin, trop noire, trop crasseuse, elle levait, sans effort, une petite écluse, et le lavoir se vidait en un clin d'oeil. Et alors ? Alors elle reprenait la manivelle de la pompe et savourait l'ineffable plaisir de la manier un quart d'heure encore. Ce n'était pas plus difficile.

Un jour, le brave X... avait reçu à l'occasion d'une lessive faite au village, la mission de remplir le lavoir dès cinq heures du matin, moyennant le salaire peu exagéré de 0 fr 50 centimes, et à peine avait-il fini sa limpide opération, qu'une voisine arriva, portant une corbeille de linge sur la tête. "Oh ! brave homme, lui dit-elle, jamais de la vie vous n'avez mieux travaillé ! - Mais ce n'est point pour vous ! - Le lavoir, mon ami, est à tout le monde, j'en ai besoin juste en ce moment, l'eau ne saurait être plus pure, plus agréable, et je m'en sers". C'était logique, et l'Administration-Ramon n'avait point prévu ce cas qui aurait eu peut-être de graves conséquences pour les chignons, si l'indépendante laveuse, au lieu du pacifique X..., avait rencontré un coeur non moins vaillant que le sien.

L'Administration-Ramon voyait les choses de haut et de loin. Elle ne s'était pas non plus préoccupée des infiltrations malsaines qui pouvaient se faire à la longue dans le puits communal. Vétilles que tout cela, et ce n'est point à ces niaiseries que descend la majesté de l'écharpe. Je ne sais si elle prit un brevet d'invention ; il est certain qu'on n'a pas encore signalé dans la contrée une contrefaçon de ce lavoir ; mes ingrats concitoyens n'ont pas même pris la peine de le conserver, et il est si bien détruit, qu'il n'en reste plus un vestige.

Il coûta néanmoins 284 francs."

Ce n'est pas le lavoir de Manières.... mais... Vous pouvez imaginer que les lavandières de Malus, elles aussi venaient laver leur linge avec une brouette !

    

 

Dans le sentier de la Garosse, à droite en descendant vers le château de Macanan, vous pouvez distinguer, envahis par la végétation, les ruines du lavoir et du puits privés du domaine de Dinetty.

Modeste lavoir réservé au domaine de Dinetty (2009)

Pierre Baros se  souvient que sa mère y lavait son linge en compagnie de Mme Pouget qui habitait à la ferme Monjouan ; on peut imaginer qu'elles transportaient leur linge sur une brouette !

L'entrée du puits protégée par une grille (2009)

 

Les puits et les lavoirs de la commune

L'histoire des puits de la commune est très difficile à écrire car nous n'avons que très  peu de traces écrites. J'ai eu en mains une étude géologique manuscrite de la commune mentionnant tous les puits de Bouliac, réalisée par M. Reyt, préparateur à la Faculté des Sciences de Bordeaux au début du XXème siècle, malheureusement je l'ai égarée, mais je ne désespère pas de la retrouver ! La liste de ces puits était longue . On peut encore en voir quelques-uns : dans la cour de la poste, dans la cour de la maison Bouluguet, dans le jardin de la maison Vettiner, dans le jardin de la maison Bouc... Beaucoup de maisons sans puits avaient une citerne enterrée permettant de recueillir les eaux de pluie. Je me souviens avoir souvent tiré sur la chaîne avec laquelle je remontais l'eau du "puits" pour faire la lessive !

Le puits de la maison Vettiner en 2009 : que va-t-il devenir quand ce bien communal sera restauré ?

Le presbytère a eu sa citerne avant son puits ! En effet, le 6 novembre 1881, le conseil a décidé "l'achat d'un bassin en béton pour recevoir les eaux pluviales   qui existait précédemment se trouvant cassé et fendu."

La première trace écrite concernant le premier puits municipal date du 10 novembre 1850 : les archives municipales nous apprennent "que M. Bouluguet a été chargé de faire vider toute l'eau contenue dans le puits que M. Cardonnel a offert à la commune."

Le 15 août 1859, M. Cardonnel, propriétaire du domaine de Berliquet, "expose au conseil que diverses circonstances font penser que M. Biron propriétaire ne serait pas éloigné de vendre à la commune au prix de mille francs, la mitoyenneté du puits qui existe sur son domaine de Manières et propose au conseil de ne pas laisser échapper une occasion qui peut être ne se représentera jamais". Il soulignait que cette acquisition permettrait "d'assurer aux habitants du village la faculté de s'alimenter d'une eau excellente et intarissable". le compte rendu de cette séance nous apprend "que durant les cinquante dernières années la population de Bouliac a dû à l'obligeance universellement appréciée des trois familles Manières, Laborde et Gardères, l'avantage de se pourvoir d'eau au puits qui est aujourd'hui la propriété de M. Biron et dont il s'agit d'acheter la mitoyenneté ... si le puits de M. Biron venait à leur être interdit (les habitants du village), ils seraient forcés de parcourir plusieurs kilomètres avant de trouver soit une fontaine publique soit un puits banal ... que déjà le seul boulanger qui existe dans la commune n'étant plus admis à puiser chez M. Biron, se trouve forcé d'aller s'approvisionner de l'eau nécessaire pour la préparation de son pain, au puits que Mme Veuve Sermensan a bien voulu mettre provisoirement à sa disposition, et qui est situé à plus d'un demi kilomètre du village ..."
N.B. : Mme Veuve Sermensan était propriétaire du Castel de Vialle.

Après délibération, le conseil décide "d'offrir à M. Biron une somme de six cents francs ... et charge M. Cardonnel de faire cette offre à M. Biron ... dans le cas où M. Biron trouverait la somme de six cents francs trop exigüe, les habitants aisés du village s'empresseraient de lui offrir de leurs deniers privés un dédommagement suffisant."

Le 16 août, le conseil prend connaissance de la proposition faite par "deux propriétaires de la commune, MM Serre Michel et Bertrand Bouluguet, laquelle consiste à faire creuser et construire sur le terrain communal dit canton de Manières, soit avec leurs propres fonds soit avec le produit de divers dons gratuits qu'ils ont déjà recueillis pour cet objet, un puits qui sera la propriété de la commune à la condition que la commune leur accordera une subvention de la somme de trois cents francs..." La proposition est acceptée, Bouliac va bientôt avoir son puits communal !

Et les animaux ? Ils allaient boire dans les deux ruisseaux de la commune, le Fourney et le ruisseau de Vergne. Ceux du bourg se désaltéraient dans la fosse Monjouan. En effet, on peut lire dans le compte-rendu du conseil du 16 août 1859 :"Un membre demande à ce que la fosse Monjouan soit nettoyée, depuis plusieurs années cette opération n'a pas été faite, l'eau est peu abondante dans ce moment et il serait opportun de faire cette opération sans retard. M. Héliot promet de convoquer les intéressés et se charge de faire faire sans retard ce nettoyage auquel devront contribuer les gens du bourg qui ayant des chevaux y mènent journellement leurs animaux."

Ce nettoyage revient à l'ordre du jour du conseil le 18 novembre 1877 (il semble donc que la fosse n'a pas été nettoyée depuis 18 ans !). En outre, l'utilisation de la fosse soulève des difficultés car un conseiller "demande qu'il soit interdit d'y laver le linge et d'yn faire tremper des vimes ou autres objets susceptibles de corrompre l'eau, attendu que cette fosse est indispensable pour abreuver les bestiaux, il s'engage au nom des propriétaires de chevaux à payer la moitié de la dépense des frais de nettoyage si l'administration voulait prendre un arrêté défendant de laver le linge. Après discussion,"le conseil décide l'achat d'un bassin de béton de 2 mètres de long sur 2 mètres de large et 45 centimètres de profondeur, lequel lavoir sera posé près du puits communal afin que la pompe puisse facilement remplir ce bassin, une fois ce lavoir établi l'administration prendra l'arrêté pour empêcher que l'on aille laver le linge à la fosse de Monjouan et qu'il soit interdit d'y faire tremper des vimes...".

C'est ainsi que les lavandières ont abandonné la fosse de Monjouan et ont dû laver leur linge dans le lavoir de Manières, ce qui fut fort décrié par l'abbé Pareau, comme nous l'avons vu plus haut !

La fosse de Monjouan en avril 2010 : elle est cachée par le mur, à gauche ; au fond, le château Monjouan.

 

Dans la même séance, le conseil décide également que le nettoyage de la fosse sera payé à moitié  par "les propriétaires de bestiaux du Bourg." Cette fosse devait être ouverte car le 14 mai 1882 un conseiller à demandé la réalisation de "quelques réparations" car il craignait "quelques accidents aux enfants qui pourraient tomber à l'eau et se noyer." Un mur a été construit  mais le 14 août 1892, il a été jugé insuffisant par le conseil qui a décidé de le continuer "sur une longueur de deux mètres environ ..." En outre, le conseil autorise Mme Lung, propriétaire du domaine de Bellevue, sur sa demande " récurer à ses frais la Mare de Monjouan, moyennant l'abandon de toutes les vases qu'elle en retirera."

Mais le lavoir n'est pas encore construit ! Le 22 mai 1879 le maire présente au conseil le devis remis par MM. Badé frères, entrepreneurs de maçonnerie, "pour la construction d'un lavoir communal en pierre, chaux hydraulique et ciment" et décide de consulter un des constructeurs spécialistes de Bordeaux "pour savoir s'il ne serait pas préférable... d'établir ledit lavoir en béton."

La décision de construire ce lavoir sera prise, à l'unanimité, le 18 juin 1879 : le lavoir sera couvert d'une couche de béton de deux centimètres d'épaisseur et les pierres des bords supérieurs seront posées à plat. Le devis accepté s'élève à 180 francs, tout compris, excepté les fouilles des terres.

Je ne comprends pas pourquoi l'abbé Pareau fait état d'une dépense de 284 francs (voir plus haut) ! Serait-ce une de ses exagérations visant la mauvaise gestion du maire Ramon qui se livrait aux "ridicules simagrées des loges" !

En avril 1887, un incendie ayant  ravagé l'immeuble Bouluguet, s'est posé le problème de l'achat d'une pompe à incendie. Le 13 août 1887, le conseil décide l'achat d'une pompe munie de tous ses accessoires pouvant débiter 4700 litres d'eau à l'heure. Pour alimenter cette pompe, il est envisagé la construction d'une ou deux citernes qui recueilleraient les eaux pluviales. Ce projet est confronté à une solution plus ambitieuse : "capter la source qui sort de chez M. Deffès et vient près du bourg." Une canalisation actionnée par un bélier monterait l'eau jusque sur la place Chevelaure avec un débit constant de 15 litres par minutes. Ce débit permettrait d'installer un lavoir ; mais la prise d'eau se faisant à 600 mètres, il y aurait un risque de pollution qui imposerait un filtrage pour obtenir de l'eau potable. Le maire invite donc les conseillers à s'occuper de cette question et à prendre tous les renseignements possibles et à étudier la place où devrait être le puisage et le lavoir.il leur demande également "à s'enquérir des habitants qui prendraient un abonnement au lavoir et de savoir le chiffre auquel on pourrait mettre les abonnements."

Le 16 novembre 1890, le conseil autorise une dépense d'environ soixante francs "pour mettre en état le nouveau lavoir qui a été construit sur le chemin de Brousse." On peut donc affirmer l'existence , en 1890, de trois lavoirs municipaux : celui de la fontaine de Vergne (le plus ancien), celui de Manières (1879) et celui du chemin de Brousse, le plus récent (1890).

Le 23 octobre 1892, le conseil décide d'abattre un ormeau situé sur le chemin de Brousse, près du lavoir public, appartenant à la commune;

Mais l'histoire des lavoirs, de Bouliac n'est pas finie !

Le 23 octobre 1892, le conseil  doit  résoudre un problème posé par le lavoir de Manières : il faut "mettre un terme aux infiltrations des eaux savonneuses qui peuvent se produire à travers les parois dudit puits. Le conseil sur la proposition du maire ordonne la visite du puits communal et l'examen de l'eau que les habitants y puisent journellement. Il expose que l'eau est l'un des principaux véhicules du choléra, de la fièvre typhoïde et autres maladies épidémiques. Le conseil décide que le puits sera ouvert, visité, mis en état et que l'eau sera examinée avec le plus grand soin. Quel est l'avenir du lavoir ? "M. le maire est autorisé à dépenser 200 francs pour la construction d'un lavoir communal. Dès que celui-ci sera terminé, le lavoir du puits communal sera démoli..." Ainsi, trois ans après sa construction, le lavoir de Manières voit sa destruction programmée. Mais, une difficulté reste à résoudre : où construire ce nouveau lavoir ?

Le 11 février 1893 : nouvelle alerte à la pollution du puits communal ! "M. Ducau se plaint du mauvais état de l'eau du puits communal. Dès qu'il pleut elle devient trouble et les médecins déclarent qu'elle est impropre à la consommation. Après discussion, le conseil décide qu'un devis sera demandé à un puisatier et aux deux maçons de la commune. Ces ouvriers devront visiter le puits et répondre d'assurer la permanence de la limpidité de l'eau, si leur devis est accepté."

Le 21 juillet 1895, "le maire expose que le plateau de Bouliac est complètement privé d'eau ; que depuis plus de vingt ans les habitants demandent avec instance que l'eau soit amenée sur la place de la mairie, qu'à diverses reprises le village tout entier a failli être la proie des flammes dans l'impossibilité où l'on se trouvait d'alimenter la pompe à incendie. "Il demande au conseil de voter l'installation des eaux sur la place de la Mairie, ces eaux seraient prises au puits communal de Manières alimenté par "une source intarissable" et situé à trois cents mètres de la place avec une différence de niveau de 27 mètres. La dépense s'élèverait à six mille francs. Le projet est adopté, les travaux vont commencer dès que le préfet aura donné son autorisation.

Le 12 juin 1898, "le maire annonce au conseil municipal que les projets et devis pour installation de l'eau sur la place du bourg ont été approuvés par Monsieur le Préfet et que l'emprunt voté par le ... le 21 juillet 1896 a été autorisé ... en date du 24 mai 1898." Il présente le projet de traité de gré à gré pour "la fourniture du moteur à pétrole et tuyaux nécessaires ... pour les fouilles et constructions tant de l'abri que du réservoir et des tranchées." Le total des sommes à payer sera de 7190, 67 francs. Ce moteur sera remplacé, en 1925, par un mteur plus moderne et moins encombrant.

Le 4 décembre 1898, les travaux sont terminés : le conseil , sur proposition du maire, décide que "quatre tilleuls seront plantés  sur la place devant la Mairie, autour de la pompe récemment installée."

Cette photo a pu être prise en 1899 : on voit trois des quatre tilleuls entourant la fontaine installée en 1898.

L'abbé  Pareau nous a laissé deux pages sur cette fontaine publique :

3une pompe mise en mouvement par une forte machine enlève, le matin et le soir, l'eau bonne et intarrissable du puits communal , situé à 100 mètres environ du village, et la verse par des tuyaux souterrains dans un réservoir creusé et bâti au milieu de notre place centrale.
Il forme un vide de 45 mètres cubes et capable de contenir 200 barriques d'eau.
Le prix total de cette heureuse innovaton est de 7300,76 francs.
M. le Maire eut la pensée de faire bénir solennellement cette fontaine , et on devait chanter à cette cérémonie, qui n'eut pas lieu, les strophes suivantes :

Le 12 août 1906 : un nouveau lavoir ? Le conseil étudie "les difficultés qu'il y a à se procurer de l'eau en été, et les dangers auxquels sont exposées les laveuses en hiver". La force électrique permettrait de construire dans le bourg un lavoir public alimenté par le ruisseau du moulin de Vergnes "dont l'eau serait amenée par un moteur électrique d'une force d'un cheval" pour une dépense annuelle de 225 francs. L'emplacement du lavoir est offert gratuitement par le maire"au choix du conseil.

Le 9 décembre 1906, le projet avance : le conseil demande au Maire  d'obtenir de la préfecture de "décréter d'utilité publique un barrage et une prise d'eau dans le ruisseau de Vergnes "à l'endroit portant le nom de Petit Loc."

Le 24 novembre 1907 : déception ! Madame Pichard refuse à la commune l'autorisation de construire le barrage sur le ruisseau du Moulin de Vergnes. Le conseil décide alors de conduire l'eau du ruisseau de Ournay (appelé aussi ruisseau de Fourney) par des tuyaux dans un réservoir situé à proximité du lavoir communal (le lavoir de Manières) et de distribuer ensuite cette eau dans le bourg. Affaire à suivre, donc !

Le 13 novembre 1910 : le temps a passé, le problème est au point mort ! Mais une nouvelle piste est présentée par le maire. D'après M. Blaijac, géologue à la Sorbonne, "on trouverait une quantité d'eau suffisante en creusant un puits à proximité du Bourg.

Le 5 mars 1911 : la décision est prise. Le nouveau puits communal sera creusé au lieu-dit de Lesparre (à l'emplacement de l'entrée du domaine de la télévision actuel). Les plans, devis et cahier des charges établis par M. Vignerot, ingénieur des Améliorations agricoles sont acceptés à l'unanimité.

Le 31 mars 1912, les travaux d'adduction sont examinés : il s'agit de poser les canalisations, construire un réservoir de départ, un lavoir et un réservoir de fourniture, d'installer un moteur électrique et des travaux de terrassement nécessaires. Les devis les plus économiques sont acceptés. Les travaux vont commencer !

Le 26 février 1928, le moteur installé ne peut plus fonctionner. Le conseil décide de le remplacer par une pompe à double effet pour le prix de  2750 francs.

Le 23 juin 1912, nouvelle déception ! le nouveau lavoir est insuffisant, il faut en construire un nouveau semblable au premier !

Le 17 novembre 1912, le projet du nouveau lavoir avance ! M. le maire a offert gratuitement un terrain  de 251 mètres carrés pour construire un lavoir, un réservoir et un champ de tir. Les pièces relatives à cette session seront signées par M. Avensays au nom de la commune. Le conseil adresse au maire "au nom de la population ses plus vifs remerciements."
N.B. : Nous sommes à la veille de la première guerre mondiale, la gymnastique et le tir sont dans l'air du temps. On prépare la revanche de 1870 !

Le 2 février 1913, on fignole ! Le conseil décide la " construction d'un caniveau destiné à conduire les eaux sales du lavoir... le caniveau aura environ 120 mètres de long ..."

Le 27 septembre 1936, M. Mortagne  présente au Conseil une plainte concernant l'utilisation de ce lavoir : il  été construit pour laver le linge des bouliacais et non pour y laver les chiens. Le maire donnera des ordres au garde pour supprimer cet abus.

N.B. : En 1958, j'ai connu ce lavoir et ce champ de tir situé sur l'emplacement actuel de l'entrée du club de tennis et du terrain de tennis qui va vers le terrain de foot-ball. Il a disparu dans les années 1960.

Tout est fini ? Loin de là ! Douze ans plus tard, le 31 mai 1925, le conseil constate "que la distribution d'eau est insuffisante" et " en décide en principe l'amélioration et l'augmentation."

Mais il faudra attendre les années 1960 pour dire adieu aux fontaines publiques et voir l'eau couler dans les éviers bouliacais.

Le 14 juin 1925, le problème des lavoirs rebondit ! Le Marais veut son lavoir. Un projet de construction est mis à l'étude.

Le 21 juin 1925, l'enquête réalisée fait apparaître la possibilité de construire une fontaine et un lavoir dans l'immeuble Valeau.

Le 27 juin 1925, le conseil prend connaissance d' "une pétition des habitants du Marais demandant l'installation dans le voisinage d'un puits et d'un lavoir." Il décide  de faire exécuter des sondages par un puisatier et vote un emprunt de 5000 francs pour la construction de la pompe et du lavoir demandés.

Le 7 juin 1936 le Conseil prend connaissance d'une lettre du Parti Communiste dans laquelle sont signalées "les difficultés que rencontrent les habitants de notre commune pour faire face à leur besoin en eau potable. Aux Collines, plus particulièrement, il existe seulement le puits de M. Vidal pour 7 familles. L'été dernier, pendant près d'un mois , nous avons été obligésde laisser reposer l'eau ...et de la vase."

N.B. : On remarquera la faiblesse de la population du Port des Collines à la veille de la guerre : 7 familles soit environ 30 à 35 personnes.

Le 6 octobre 1937, le Conseil examine les difficultés relatives à la distribution de l'eau dans la commune. Au mois de juin, le débit des sources du puits de Lesparre était d'environ 7 000 litres à l'heure et en période défavorable  soient 17 m3 en 24 heures, celui de Magnères étant d'environ 53 m3, les deux puits pouvaient donc fournir 70 m3. La quantité d'eau nécessaire à 250 habitants étant de 125 litres pour une personne et par jour en moyenne, c'est une quantité de 31 m3 qui serait indispensable. Un réservoir de 4 m sur 4 m devrait être construit , le meilleur site se trouverait dans le jardin du Bureau de Poste, en arrière de l'immeuble.

N.B. : J'ai vu démolir, en 2011, le puits situé dans le jardin de la Poste à une vingtaine de mètres de l'entrée de ce jardin. Je ne peux avancer que ce puits était bâti sur le réservoir cité ci-dessus.

Les inondations de mars 1930


L'orage du 20 août 1939

Le "Pont-de-Bouliac" après l'orage du 20 août 1939

On reconnaît le portail de M. Ferry.

Les documents ci-joints sont extraits du journal L'HUMANITE.

 

 

 

 

 

 

 



 

Inondation 1930