Eléments d'histoire de la population de Bouliac

 

Que peut-on dire de la composition et de l'évolution de la population de Bouliac des origines à nos jours, considérée sous l'angle de la mobilité géographique ?

Les informations qui suivent sont toutes empruntées  à l'article de Jean-Pierre Poussou publié dans Actes et conférences du XIème Congrès de la Fédération Française de Généalogie, Congrès de Bordeaux (9 à 12 mai 1991) et au tome premier de l'ouvrage Bordeaux publié par la Municipalité Bordelaise en 1892.

Une certitude dans un océan de questions sans réponses : "L'ancienneté de l'occupation humaine dans une partie au moins de l'Aquitaine ne fait aucun doute...". Les populations concernées ne sont connues que par des traces matérielles qui permettent de penser qu'il s'agissait de populations dissemblables que l'on regroupe sous le nom d'Aquitains. Au temps d'Auguste, ils occupaient toute la partie comprise entre la Garonne et les Pyrénées sauf Bordeaux et Agen. "On les regardait comme assez semblables aux peuples qui occupaient l'Espagne. Tout porte à croire qu'ils étaient, ainsi que ces derniers, un rameau détaché d'une même grande race : on est convenu aujourd'hui d'appeler cette race la race ibérique. C'est du Sud, semble-t-il, que les Aquitains sont venus, débordant au delà des Pyrénées dans les plaines de l'Adour et de la Garonne...Ces Aquitains se sont installés à Bordeaux. Il n'est guère possible de douter qu'ils aient à Bordeaux son nom. Ce nom, nous ne le connaissons que sous la forme latinisée de Burdigala... C'est ...une vaine curiosité que celle de savoir à quelle date les Aquitains ont pu fonder Bordeaux : nous ne pourrions même pas dire à quelle époque ils l'ont quitté pour faire place aux Gaulois. Ont-ils même fondé Bordeaux ? Il est possible que Bordeaux ne doive aux Aquitains que son nom.
(Bordeaux, tome premier, pages 4, 5 et 6.

"Le grand mouvement est celui des Celtes qui arrivent dans la seconde moitié du premier millénaire avant l'ère chrétienne." Ils ont formé des groupes différents,
et c'est un de ces groupes, les Bituriges Vivisques, qui a fondé Bordeaux au IIIème siècle avant J-C. Une chose paraît acquise : les différents peuples aquitains sont tous définitivement installés à partir du IIème siècle avant J-C.

Ce peuplement connaîtra la domination romaine puis les grandes invasions. La première concerna essentiellement les élites locales et par conséquent l'apport romain  "a été numériquement très faible." Les grandes invasions sont celles des Wisigoths et des Francs. Elles concernèrent principalement l'aristocratie foncière et leur apport quantitatif fut, lui aussi, très réduit.

Ces populations aquitaines originelles étaient-elles importantes ? Si on écarte les régions pyrénéennes, on peut avancer que l'occupation humaine de l'Aquitaine était faible car "...forêts et bois tenaient une grande place ...". Les XIème et XIIème siècles vont être marqués par des défrichements ( les "artigues") et par l'essor de la population à partir des groupes déjà installés. Dans le Bordelais, ces défrichements auront pour effet de créer des lopins pour y cultiver la vigne. "C'est essentiellement le fonds local de la population  qui s'est mis à l'oeuvre sans que l'on puisse déceler de grands mouvements de population." La création des castelnaus, des sauvetés et surtout des bastides n'a pas produit de déplacements nombreux et importants individuels ou familiaux. Les fondations nouvelles furent surtout des regroupements et leur peuplement fut essentiellement donné par les écarts environnants.

Mais, malgré l'importance des défrichements et l'essor général des villes, le Moyen-Age est marqué par  la mobilité faible de la population bordelaise. La même remarque peut être formulée pour les XVIIème et XVIIIème siècles et même pour la première moitié du XIXème siècle. Par contre, du milieu du XIVème  au début du XVIème siècle la région fut frappée par deux fléaux qui provoqua une grande mobilité : les pestes à partir de 1348 et les ravages de la guerre. Le Bordelais fut alors marqué par une mobilité remarquable. Bordeaux, qui atteignait 30 000 habitants auparavant n'en a plus que 10 000 en 1375 ! La population bordelaise oscillera entre 10 000 et 20 000 habitants jusqu'en 1430.  Il se produisit donc un renouvellement considérable de la population ( 80 % de la population de Périgueux fut renouvelée dans la période 1366-1455). Ce renouveau est dû à des immigrants venus des régions comprise entre Garonne et Pyrénées, à des Saintongeais, Angoumois, Bretons, Limousins et à des étrangers ("Maranes" juifs  appelés "Juifs Portugais" à Bordeaux, ils étaient environ un millier au début du XVIIIème siècle).

Cependant, globalement, la population aquitaine est restée la même jusqu'au milieu du XIXème siècle surtout pour les populations rurales situées au sud de la Garonne.

On ne connaîtra jamais l'histoire complète de la population de la France. En effet, les historiens et les démographes n' en possèdent que quelques bribes hétérogènes pour la période antérieure à la Révolution : "l'inventaire" de tous les sujets de l'Empire âgés de plus de douze ans décidé par Charlemagne en 786 ; des " livres de baptêmes, mariages décès" relatifs à des périodes très anciennes, le dénombrement de la population d'une partie du territoire pendant le règne de Saint Louis (1226-1270), l 'état 'des paroisses et feux de bailliages et sénéchaussées de France (dans les 24 150 paroisses recensées on a dénombré 2 411 149 feux ; en tenant compte des 7 500 paroisses omises dans ce dénombrement, les historiens estime que la population aurait été d'environ 19 millions d'habitants dans les frontières actuelles de la France.

De plus, pour cette période on comptait les feux (les foyers) et non les individus : le village était constitué par un groupe de foyers. L'état de 1328  donne une moyenne de cents feux par village de 300 à 500 habitants. Moyenne trompeuse car le feu est de taille très variable: dans certaines régions de France le feu comprend 4 ou 5 personnes alors que dans d'autres (en particulier le Sud-Ouest ) il peut compter dix à quinze membres. Pour estimer la population d'un village certains historiens proposent d'utiliser le le nombre de 5 personnes, mais il s'agit là d'une estimation très discutée par les spécialistes.

Le document ci-contre est extrait du Dictionnaire géographique, historique et politique des Gaules et de la France publié par Louis Alexandre Expilly en 1761.
 Il nous renseigne également sur deux communes limitrophes, Carignan et La Trenne (actuellement Latresne). On constatera que Bouliac était sensiblement plus peuplée que ses deux voisines : 131 feux contre 101 et 108 respectivement.
Si on utilise le coefficient 5 cité plus haut on obtient : 131 x 5 = 655 habitants pour Bouliac, 505 et 540 pour Carignan et Latresne.

Ces informations avaient déjà été publiées en 1720 par Claude-Marin Saugrain dans son ouvrage : Nouveau dénombrement du royaume, par généralités, élections, paroisses et feux.

Le même auteur, dans son Dictionnaire universel de la France ancienne et moderne publié en 1726, donnera 604 habitants à Bouliac et 453 à Carignan.

  Les informations qui suivent sont extraites de :     http://www.francegenweb.org/~archives/guide/index.php?id=06_les_recensements_de_population    

 

                                              

Le tableau ci-dessous, publié par l' INSEE donne les résultats de tous les recensements réalisé sur Bouliac depuis 1793.
On remarque pour 1793 un nombre d'habitants de
849 qui ne sera dépassé qu'en 1946. Il me semble qu'on est là, vraisemblablement, en présence d'une erreur  d'écriture !

Etude des tables décennales de 1793 à 1935

Période Naissances Décès   Naissances - Décès
1793 - 1802 156 133 23
1803 - 1812 178 135 43
1813 - 1822 163 117 46
1823 - 1832 129 104

25

1833 - 1842 146 122 24
1843 -1852 147 122 25
1853-1862 126 97 29
1863-1872 92 130 -38
1873-1882 106 132 -26
1883-1892 103 107 -4
1893-1902 116 132 -16
1903-1912 121 132 -11
1913-1922 95 185 -90
1923-1932 141 124 17
Remarque : On peut constater sur ce tableau que, de 1863 à 1922, le nombre des décès a été supérieur à celui des naissances. La période 1913-1922 est particulièrement touchée par ce phénomène déficitaire : 95 naissances contre 185 décès. Ainsi, sur une période de 60 ans, Bouliac a perdu 185 habitants (soit 24.5 % par rapport à l'année 1861). Cependant, en 1861 et 1921 (pratiquement la même période) la population recensée était de 788 et790 habitants. On est donc obligé de conclure que la perte provoquée par les causes naturelles (supériorité de la mortalité par rapport à la natalité) a été compensée par des apports de populations extérieures à Bouliac.

D'où venaient ces apports ?  Carignan, Latresne, Tresse...?Nous ne disposons, actuellement, d'aucun document permettant de répondre précisément à cette question .

Affaire à suivre donc !!!

Ce que nous disent les registres paroissiaux de la période 1760-1789

On a relevé, année par année, le nombre de naissances, mariages et décès pour la période 1760-1789, soit pendant les trente années précédant la Révolution;

On remarquera : (1)  3 périodes déficitaires( le nombre des décès est supérieur à celui des naissances) : 1760-1762, 1784-1785 et 1788-1789
                         (2)  2 pics pour la mortalité, 1760 et 1789
                         (3)  4 années de faible mortalité : 1768, 1773, 1777 et 1779.
                         (4) 2 pics pour la nuptialité : 1762 et 1765.

Etude de la mortalité de la période 1760-1789

L'examen des chiffres concernant la mortalité par décennie donne les résultats suivants : 

  1ère décennie 2ème décennie 3ème décennie

Personnes de moins de 15 ans

106 30 37

Personnes de plus de 40 ans

78 77 89

On constate que la mortalité des plus vieux ne subit pratiquement pas de variation alors que celle des plus jeunes est pratiquement trois fois plus faible sur les deux dernières décennies.

417 décès relevés donnent une moyenne de 13.9 décès par an. La mortalité des jeunes (âge inférieur à 10 ans) est considérable : 173 décès soit 41.5% des décès enregistrés.

La mortalité féminine est de 54.2% pour le sexe masculin et 45.8% pour le sexe féminin. Par contre le taux des naissances masculines (54%) est supérieur  à celui des naissances féminines (46%). On retrouve ici un résultat classique des études démographiques.

On compte 38 veuves et 28 veufs. Sur 198 décès de personnes âgées de plus de 50 ans, on trouve 18 célibataires.

La répartition mensuelle des décès montre, pour les deux sexes, que  les 3 mois ayant les taux de décès les plus élevés sont : octobre, septembre et novembre. Pour les taux les plus faibles, les deux sexes concordent pour deux mois : juin et juillet. Pour schématiser, on peut dire que les deux sexes meurent peu au début de l'été et meurent beaucoup en automne !

La répartition socio-professionnelle des décès est la suivante : domestiques (10), ouvriers agricoles, vendangeurs, agriculteurs (7), artisans, marchands (9), négociants, hauts fonctionnaires ,nobles (12) errants (2)

Etude des mariages de la période 1760-1789

Sur cette période de 30 ans on compte 176 mariages, ce qui donne un nombre moyen de 5. 9 mariages par an. Le nombre maximal est de 13 en 1765 et le minimum  de 2 en 1781 et 1784.
En ce qui concerne la répartition annuelle des mariages, on constate deux mois privilégiés, janvier et février , et deux mois défavorisés, mars et décembre (Dans les périodes 1760-1769 et 1780-1789, il y a absence totale de mariages).

Quelles sont les catégories socio-professionnelles concernées par ces mariages ? En ce qui concerne les époux, on relève 15 professions mentionnées : vigneron(7), jardinier(1), laboureur(1), sabotier(1), tonnelier(1), scieur de long(1), capitaine de navire(1), écuyer en bureau des finances(1), avocat à la cour du Parlement de Bordeaux. Sur ces 15 mentions, vigneron apparaît 7 fois, ce qui indique que la commune est centrée sur la culture de la vigne.

Pour les épouses, une seule mention est donnée : femme de service.

Les signatures sont presque toujours absentes : seulement 2% des époux ont signé. Les signataires sont : le capitaine de navire et son épouse, l'écuyer et son épouse, l'avocat et son épouse.

Sur ces 352 époux, 18% sont veufs ou veuves (19% pour les hommes et 16% pour les femmes).

En ce qui concerne les époux extérieurs à la commune, les taux sont de 4% pour les hommes et 2,8% pour les femmes ; on y trouve 1 jardinier, 1 laboureur et 1 sabotier

Etude des naissances de la période 1760-1789

Sur cette période on compte 718 naissances soit une moyenne de 23.9 naissances par an.
Les naissances illégitimes sont peu présentes avec un taux de 0,65 %.
Le taux des naissances masculines (54%) est supérieur  à celui des naissances féminines (46%). On retrouve ici un résultat classique des études démographiques.

Ce que nous disent les archives municipales

Les conscrits

Dans sa séance du 21/02/1836, le conseil prend connaissance de l'état des jeunes gens de la classe 1815 qui comporte cinq noms seulement pour lesquels aura lieu au canton de  Carbon-Blanc le tirage au sort qui désignera les noms des conscrits retenus. Le 08/01/1839, l'état pour la classe 1838 comprend également cinq noms.

                   Le 6 mars 1897, le conseil examine la demande de Galand, fermier de M. Balzer : il souhaite que son fils  "Galand Martial, de la classe 1897, n° de tirage au Carbon-Blanc 42"  soit reconnu comme soutien indispensable de famille. Le 24/05/1906, le conseil "donne un avis favorable au maintien dans ses foyers, à titre de soutien de famille, du jeune Jean Dubernet, classe 1905, n° 34 de tirage, Canton de Carbon-Blanc". Le 23/06/1918, le conseil donne un avis favorable à la "demande de sursis d'incorporation présentée par le jeune Maumelat Pierre-Jean, étudiant, en vue de terminer ses études après les hostilités."

De ces quelques informations, on peut déduire que le nombre de jeunes bouliacais touchés par la conscription n'a sans doute jamais dépassé le nombre de cinq !

Population et maisons habitées en 1878

Le document qui suit a été dressé en 1878: c'est un recensement réalisé par la commune des ressources que présente la commune pour le logement des troupes. Les trois  premières colonnes donnent respectivement : les zones habitées, le nombre d'habitants par zone et le nombre de maisons par zone.

 

Il apparaît nettement que les maisons sont fortement concentrées dans le Bourg : 32.3 % contre 6.3 % au Marais, 5.2 % à Mallus, 3.1 % à La Pate et 10.4 % au Chemin des Collines.  Il apparaît tout aussi nettement que la grande majorité des maisons sont disperséees sur le territoire communal : 42.7 %. On peut faire les mêmes remarques pour les habitants.

On remarquera que le nombre d'habitants par maison est conforme au nombre de personnes par feu mentionné plus haut (5):  4.8 au Bourg, 5.8 au Marais, 7.4 à Mallus, 3 à La Pate, 4.6 aux Collines. Dans les maisons dispersées, ce nombre atteint 8 personnes par maison.

 

Ce que nous disent les registres de l'état-civil de la période 1817-1849

Les enregistrements de l'état-civil (naissances, mariages, décès), depuis le décret du 20 septembre 1792, sont à la charge des officiers municipaux. Depuis 1813, ils ont utilisé des modèles d'acte ce qui donne à ces enregistrements une qualité que l'on ne trouve pas dans les registres rédigés par les curés avant la Révolution. De 1817 à 1832, c'est Gervais Berthomieu qui rédigea les enregistrements bouliacais dans lesquels on constate quelques oublis(âge au mariage, origine des parents pour les naissances...). A partir de 1830, on constate une nette amélioration. J'ai pu consulter le travail d'un étudiant du Département d'Histoire de L'Université Bordeaux III Vincent Erard) dans lequel il réalisa une étude démographique des registres d'état-civil bouliacais de 1817 à 1849, soit une période de 33 ans. Il a dépouillé 1017 actes : 459 naissances, 360 décès et 198 mariages.

Etude des mariages

Age au mariage

Dans cette période, les filles se marient à 24,4 ans en moyenne et les garçons à 27,7 ans en moyenne, ce qui situe cette population dans la moyenne nationale. Mais cet écart de 3.4 ans en moyenne recouvre des variations intéressantes à noter. Lorsque l'homme est le plus vieux ( plus de 73% des cas) l'écart est de 4.9 ans . Lorsque la femme est la plus âgée( 20,5% des cas) l'écart baisse à 3,9 ans.. On ne trouve que 12 couples sur 195 (l'âge n'est pas indiqué pour 3 couples)  ayant le même âge, ce qui fait de cette égalité une exception.
Les écarts d'âge entre les deux époux peuvent être considérables, le maximum étant 20 ans en faveur d'un homme  et 17 en faveur d'une femme)
.
On relève 28,7% (4 épouses) de femmes mariées mineures contre 2% (4 époux) pour les hommes.
Les contrats de mariage sont peu représentés : 9 mariages soit 4,5% des 198 mariages relevés.
Les remariages est également peu fréquent  : 11 remariages (5,5%) concernant 8 veufs et 3 veuves. On ne trouve aucun remariage entre deux veufs.

Qu'en est-il du célibat ?  Le taux de célibat pour les femmes est de 10.6 % contre 6 % pour les hommes. Plus de  que de "vieilles filles" que de "vieux garçons" à Bouliac au milieu du XIXème !

L'endogamie géographique

Les historiens ont montré que, jusqu'au XIXème siècle, le choix du conjoint se faisait, dans 80 à 90% des cas, dans un rayon de 8 à 10 km, représentant les deux heures que mettait à pied le jeune homme pour aller retrouver sa fiancée. Ce rayon initial a augmenté avec le temps en raison de nombreux changements sociaux (scolarité, moyens de communication, accès au travail des femmes...)

Les origines géographiques des nouveaux mariés sont très nombreuses : 76 communes différentes réparties sur 12 départements et deux pays (France et Espagne). Mais, cette diversité ne correspond pas à une endogamie faible. En effet, Bouliac a vu naître 39,6% des époux et 55% des conjoints ont le canton de Carbon-Blanc pour origine, soit une distance maximale de 10 km. Ainsi, le choix du conjoint se limite à un rayon de 10 km, sauf pour 21(5%) conjoints qui viennent d'autres départements.

 

Les parents des mariés

 Il est très rare pour un conjoint d'avoir ses deux parents vivants au moment du mariage, 21% des hommes et 10% des femmes ont perdu leurs deux parents.

Le mouvement saisonnier des mariages :
Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre Décembre
24 23 3 9 18 21 15 24 19 8 27 6
12.2% 11.7% 1.5% 4.5% 9.1% 10.6% 7.6% 12.2% 9.6% 4.0% 13.7% 3.0%

L'examen des pourcentages ci-dessus indique l'existence de mois "attractifs" : novembre,
janvier, février et août  et de mois "répulsifs" : mars, décembre, avril et octobre. A noter pour le mois de mars que les 3 mariages enregistrés appartiennent à la période 1817-1829; par conséquent, de 1829 à 1849, Bouliac n'a connu aucun mariage au mois de mars!
Les démographes expliquent ces déficits par les prescriptions religieuses de l'Avent et du Carême et  par les impératifs des activités de la commue. L'Avent  commence le premier dimanche après la St André (30 novembre) se termine le 6 janvier à l'Epiphanie. Le Carême est une période de pénitence d'une quarantaine de jours avant Pâques dont la date varie du 23 mars au 25 avril. Pour le mois d'octobre, la "répulsion" s'explique par le fait que Bouliac est une commune essentiellement viticole ; pour elle, les vendanges constituent la préoccupation essentielle. Les mariages viendront plus tard, en novembre, le mois champion !

Etude des actes de naissance

459 naissances ont été enregistrées de 1817 à 1849, soit 13.9 naissances en moyenne annuelle. Les moyennes annuelles par décennie sont : 15 naissances de 1817 à 1829, 13 pour la période 1830-1849 et 13.4 pour la période 1840-1849. Il y a donc une régularité des naissances  avec un pic de 26 naissances en 1827  et un "creux" de 7 naissances pour l'année 1836.

Le mouvement saisonnier de la conception

On se demande ici quelle est la répartition mensuelles des conceptions. Les conceptions se répartissent assez régulièrement sur les 12 mois de l'année avec 3 mois favorisés : juin (11.3% ), novembre  (10.6%) et août (10.2%). Les 4 mois "répulsifs" sont : juillet (6.3%), février (6.3%),  septembre (7.6%) et décembre (7.6%).

Sexes et prénoms s (25 simples, 2 doubles et un triple). Marie apparaît avec une fréquence de 27% suivi par Jeanne à 23.1 %. Ces deux prénoms recouvrent 50.1 % des choix féminins.

Age de la mère et naissances illégitimes

On constate, entre 1831 et 1849, que 46.4 % des naissances concernent des mères de moins de 25 ans dont 6.4 % (16 mères) sont mineures. L'âge des mères est compris entre 17 ans (2cas) et 48 ans. Les mères quadragénaires apparaissent 10 fois.

Les jeunes mères sont très rarement seules : un seul acte  mentionne que le père est décédé et un  autre que le couple vit séparément.

En ce qui concerne les naissances illégitimes hors mariage (appelées "naturelles"), elles apparaissent 7 fois (trois indiquent le nom du père). Elles  concernent des mères jeunes dont l'âge est compris entre 17 et 23 ans.

Etude des décès

Le nombre moyen annuel des décès est de 11.2 et ne connaît pas de fluctuations notables: 9.6 décès en moyenne annuelle pour la période 1817/1829 ; 11.8 pour la période 1830/1839 et 11.5 pour la période 1840/1849.

Mais cette mortalité varie considérablement avec les âges : pour les moins de 1 an les mois à redouter sont : avril (mois humide), février (mois très froid), août, septembre et octobre où la chaleur et les maladies intestinales font des ravages. Il est à noter que 18.4 % des décès concernent des enfants de moins de un an.
Comment expliquer cette forte mortalité des plus jeunes? Certains suggèrent que Bouliac, situé au coeur d'une zone de marécages, est victime des épidémies qui se développent dans les marécages ; en outre, la non stérilisation du lait et de l'eau favorise les maladies intestinales (la dyssentrie en particulier). Il faudra attendre Pasteur pour enregistrer des progrès sensibles.

 Les mauvaises conditions de la naissance étaient également une cause importante de la mortalité des nouveaux-nés. : il y avait 8 sages-femmes à Bouliac pour la périoder étudiée

L'article ci-contre montre qu'au XVIIIème siècle leur formation était pratiquement inexistante.

L'exercice de la profession fut contrôlé avec la loi du 19 ventôse an XI mais les exigences de l'examen permettant d'obtenir le diplôme de sage-femme n'étaient vraiment pas à la hauteur des difficultés de leur tâche

Environ un enfant sur cinq meurt avant 14 ans.
Si on retire les enfants de moins de un an , l'âge moyen au moment du décès est de 51.8 ans pour les hommes et 55.1 pour les femmes.

Description de la population de Bouliac

Les activités professionnelles des conjoints

Première observation : seuls 14 % des jeunes mariées ont un métier déclaré sur les actes de mariage, contre 99 % pour leurs maris.

Les activités professionnelles des femmes sont très limitées. On ne relève que six métiers différents avec une large supériorité pour les emplois domestiques (cuisinières et domestiques) qui représentent un quart des emplois féminins. Les activités de tailleuse et couturières regroupent 40 % des femmes. L'indication "offre ses services" désigne des emplois journaliers (travaux domestiques).

Les activités professionnelles des hommes sont beaucoup plus variées. Celles qui sont liées à la terre représentent 64 % des activités masculines enregistrées. La vigne y apparaît chez 57 % des mariés mais on ne peut pas savoir si ces vignerons sont propriétaires ou métayers. Les artisans se regroupent autour de la production du vin : 12 % des hommes sont tonneliers. Vignerons, tonneliers et négociants constituent 70 % des hommes. On rencontre aussi : boulangers, forgerons, cordonniers, taillandiers, maçons, charpentiers, tailleurs d'habits...Les activités liées au fleuve sont également présentes : marins, charpentiers de navire, portefaix et bateliers.

L'homogamie sociale et le niveau d'instruction

On constate que les jeunes mariés choisissent 5 fois sur 10 la même profession que leur père. Dans 42.6 % des cas le marié exerce la même activité que son beau-père et
20 % ont la même activité que leur père et leur beau-père. Ce phénomène d'homogamie sociale de l'activité est particulièrement net chez les vignerons.

En ce qui concerne le niveau d'instruction on examine la signature des mariés sur l'acte de mariage. On observe que 38 % des mariés ont signé  contre 22 % des femmes. Ce faible taux est remarquable pour les vignerons : seulement 19.5 % ont signé leur acte de mariage. Par contre, les tonneliers ont signé à 78 % et les charpentiers ont tous signé.